Histoire
Le terme générique de Hatha Yoga désigne communément les formes de Yoga utilisant le corps1 comme support et champ de pratique et de réalisation.
Toute pratique posturale est une pratique du souffle et de la concentration. Chaque école de Hatha Yoga va se distinguer des autres par ses partis pris dans la composition et la dynamique des séries posturales, le mode de travail et d’intégration de la respiration et de la concentration, ses références techniques et culturels, l’orientation et la connexion des enseignants de la lignée.
Chaque grande école de Yoga porte la signature de son lignage dans sa forme.
Globalement, trois grandes qualités, trois pôles, sont identifiables qui vont marquer le pratiquant de leur empreinte sur les plans physique, énergétique et psychique, à travers les formes même de la pratique.
– Une certaine qualité va se rencontrer dans l’intensification volontaire des dynamismes corporels en jeu : le corporel/énergétique s’éveille dans le « plus que le simplement nécessaire ».
– Une autre qualité se rencontre plutôt dans le principe d’immobilisation, le maintien dans la durée qui éveille la conscience et mène au démêlement des tensions par leur perception : « suspension à la source mentale des tensions et des intensités inutiles et nuisibles ».
– Une troisième qualité émerge lorsque l’activité mentale et la présence corporelle sont drainées en une forme d’identification avec le souffle, la pulsation, le rythme : « faire un avec le flux vital ».
Pour le pratiquant attentif, l’écoute active dans la forme posturale portée par le souffle peut commencer à relever de qualités propres au Yoga.
Sous-jacent aux critères techniques plus ou moins périphériques, les portant en quelque sorte, le climat intérieur qui caractérise alors la pratique peut relever d’un savoir faire (autant qu’un savoir être) qui est évoqué dans la littérature yoguique par le couple de termes sanskrit abhyâsa vairagya. Abhyâsa renvoie aux notions d’intensité, d’action, de discipline, de tenue et vairagya à celles de distanciation, de détachement, de détente.
Au cœur de la pratique, lorsque ces deux qualités sont vécues simultanément, en un seul geste qualitatif, nous pouvons être traversés par des mouvements de dévoilement, de transformation et d’intégration. Lorsque ces deux qualités, bien que reconnues, sont cultivées de façon dissociées, il s’agit de stades préparatoires.
Sommes-nous capables d’intensité dans l’action tout en ayant accès consciemment et effectivement à la détente ? Ou bien le vécu de l’intensité se réduit-il toujours en tension ? Pouvons-nous, en état de détente, nous adosser à cet arrière-plan lorsque nous sommes amenés à nous confronter avec l’intensité ? Ou bien la détente se confond-elle toujours avec l’atonie, l’absence ?
Au final (ou au commencement), la pratique de Hatha Yoga ne pouvant s’appréhender qu’empiriquement, aucune consigne ne peut prévaloir sur la pratique dans la présence. Sans raccourci.
—
1. Le corps, ou plutôt les corps, en référence aux conceptions de l’homme sur lesquelles s’appuie le Yoga.